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Bpifrance devient la première banque publique à investir dans la crypto.

3 avril 2025 par
NVnews
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Dans une décision qui pourrait marquer un tournant dans l’histoire de la finance publique française, Bpifrance devient la première banque publique à investir dans la crypto. Ce choix, à la fois audacieux et stratégique, envoie un signal fort à l’ensemble du secteur financier : les actifs numériques ne sont plus un simple sujet de curiosité ou d'expérimentation, mais bien une classe d’investissement légitime, digne de l’attention des institutions les plus établies.

Un changement de paradigme pour la finance publique

Jusqu’à présent, les banques publiques – notamment en Europe – avaient largement observé la montée des cryptomonnaies avec prudence. Si certaines menaient des études, voire des partenariats expérimentaux, aucune n’avait officiellement intégré des actifs numériques à son portefeuille d’investissement. L’annonce de Bpifrance change la donne. Elle témoigne d’une volonté claire de positionner la France comme un acteur proactif dans l’économie numérique, et de soutenir les innovations portées par la blockchain.

Selon un communiqué publié par la banque, l’investissement concerne "une participation minoritaire dans un fonds d’actifs numériques réglementé, orienté vers le développement de l’écosystème Web3 en Europe". Cette approche indirecte, via un fonds spécialisé, permet à Bpifrance de minimiser les risques, tout en s’ouvrant à un secteur en pleine expansion.

Un engagement cohérent avec sa mission

Bpifrance n’est pas une banque comme les autres. Sa mission principale est de soutenir l’innovation, la croissance des PME et les secteurs d’avenir. Depuis plusieurs années, elle joue un rôle de premier plan dans le financement de la tech française, de la deeptech à l’intelligence artificielle. Le Web3, naturellement, entre désormais dans cette stratégie.

Déjà, en 2021, la banque avait soutenu plusieurs start-ups blockchain dans le cadre de ses dispositifs d’aide à l’innovation. Elle avait également participé à des discussions sur la tokenisation des actifs financiers. Ce nouvel engagement s’inscrit donc dans une continuité stratégique : celle de préparer l’économie française aux transformations structurelles du XXIe siècle.

Quel type d’actifs sont concernés ?

Selon les informations disponibles, l’investissement de Bpifrance ne porterait pas directement sur des cryptomonnaies volatiles comme le Bitcoin ou l’Ethereum, mais plutôt sur des projets à forte valeur technologique, liés à l’infrastructure de la blockchain. Cela inclut :

  • Des protocoles de couche 1 et 2 (comme Avalanche, Polygon)
  • Des plateformes DeFi régulées
  • Des solutions de tokenisation d’actifs réels (actions, immobilier, obligations)
  • Des start-ups européennes développant des services dans le Web3

Cette approche prudente mais engagée permet à la banque de soutenir l’innovation sans pour autant s’exposer à la volatilité extrême des marchés crypto traditionnels.

Une décision symbolique pour la souveraineté numérique

L’entrée de Bpifrance dans la crypto revêt également une dimension politique et stratégique. Dans un monde où les grandes puissances cherchent à s’imposer comme leaders de l’innovation numérique, la France affirme ici sa volonté de ne pas rester spectatrice. En investissant dans les briques technologiques du Web3, l’Hexagone se donne les moyens de bâtir une souveraineté numérique, capable de rivaliser avec les initiatives américaines ou asiatiques.

Dans une déclaration récente, un représentant du ministère de l’Économie a salué l’initiative, la qualifiant de “courageuse et cohérente avec la vision française d’une innovation responsable, encadrée mais ambitieuse”. Ce soutien institutionnel renforce la crédibilité de la démarche et pourrait inspirer d’autres entités publiques à suivre le mouvement.

L’écosystème crypto français réagit positivement

La communauté Web3 française n’a pas tardé à réagir. Sur X, LinkedIn et dans les salons de discussions spécialisés, les fondateurs de projets blockchain saluent à l’unisson cette avancée. Plusieurs y voient une reconnaissance officielle de la légitimité du secteur, longtemps relégué aux marges du financement public.

Des figures de l’écosystème, comme Owen Simonin (alias Hasheur), ont exprimé leur enthousiasme, évoquant un "signal fort envoyé à l’international" et un "soutien concret aux projets de l’ombre". Pour les jeunes entreprises blockchain, l’arrivée d’un investisseur institutionnel tel que Bpifrance ouvre de nouvelles perspectives : accès à des financements plus stables, meilleure reconnaissance auprès des régulateurs, et effets d’entraînement sur d’autres sources de capital.

Des questions en suspens

Malgré l’enthousiasme général, certains observateurs appellent à la prudence. La nature exacte de l’investissement, les critères de sélection des projets soutenus et les mécanismes de suivi restent pour l’instant flous. Il faudra attendre les premiers retours concrets pour évaluer l’impact réel de cette décision.

D’autres s’interrogent sur la compatibilité entre la volonté de contrôle des institutions publiques et l’idéologie plus libertaire du Web3. Le défi, pour Bpifrance, sera de trouver un juste équilibre entre soutien à l’innovation et respect des principes de décentralisation.

Et après ?

L’initiative de Bpifrance pourrait bien faire école. D'autres institutions financières publiques européennes, telles que la KfW allemande ou la CDP italienne, suivent de près l'évolution de ce type d'investissements. Si les premiers résultats sont concluants, un effet boule de neige pourrait s’enclencher à l’échelle du continent.

En France, cette décision pourrait également encourager la création de nouveaux fonds hybrides, mêlant capitaux publics et expertise crypto, à destination des start-ups du secteur. Une manière de construire des ponts durables entre finance traditionnelle et finance décentralisée.

Analyse de l’équipe NVNews

L’entrée de Bpifrance dans l’univers des actifs numériques marque un tournant stratégique pour la finance publique française. Cette décision, bien que mesurée, témoigne d’une volonté de participer activement à la construction du futur de l’économie. En assumant un rôle de pionnier, Bpifrance pourrait inspirer d’autres institutions à réévaluer leur position vis-à-vis du Web3. À condition de garder une vision claire, un cadre de gouvernance rigoureux et une écoute attentive de l’écosystème, cette initiative pourrait devenir un véritable levier d’accélération pour l’innovation européenne.

"L'équipe NVNews"

NVnews 3 avril 2025
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