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La startup Orbit Fab a lancé une station-service spatiale test pour ravitailler les satellites directement en orbite terrestre basse.

7 mai 2025 par
NVnews
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L’émergence d’une infrastructure spatiale durable passe par un enjeu central : l’autonomie des satellites en orbite. Jusqu’ici, ces engins devenaient obsolètes ou inutilisables une fois leur carburant épuisé, entraînant une multiplication des débris et des coûts exponentiels. Une startup américaine, Orbit Fab, entend changer radicalement cette logique. Elle vient de lancer avec succès une station-service spatiale test, capable de ravitailler les satellites directement en orbite terrestre basse. Une première dans l’histoire de l’aérospatiale, qui ouvre la voie à un "réseau logistique" dans l’espace aussi structuré que celui que nous connaissons sur Terre.

Le concept peut sembler simple, mais il représente une révolution. Orbit Fab a développé un petit module, surnommé "Tanker-001 Tenzing", conçu pour s’arrimer à un satellite et lui transférer du carburant. Pour ce faire, elle a mis au point une norme d’interface baptisée RAFTI (Rapidly Attachable Fluid Transfer Interface), qui permet aux satellites compatibles de se connecter facilement au système de remplissage. La mission test a permis de démontrer la faisabilité technique du transfert de fluide dans le vide spatial, une opération jusqu’alors considérée comme risquée et complexe.

Cette démonstration de ravitaillement a eu lieu en orbite terrestre basse, à environ 500 kilomètres d’altitude. Le tanker, équipé de bras robotisés et de capteurs de navigation, s’est positionné avec précision à proximité de son satellite cible. Une fois l’amarrage sécurisé, la procédure de transfert s’est déroulée automatiquement, sous supervision depuis le sol. Cette réussite inaugure une ère nouvelle pour la maintenance orbitale, en permettant d’allonger considérablement la durée de vie des satellites.

Le marché visé par Orbit Fab est considérable. Chaque année, des dizaines de satellites commerciaux, scientifiques ou militaires sont mis hors service à cause d’une simple panne de carburant, alors que tous leurs autres systèmes restent pleinement opérationnels. Pouvoir les ravitailler signifie non seulement réaliser des économies, mais aussi réduire le nombre de nouveaux lancements et limiter la prolifération des débris spatiaux, une menace croissante pour la sécurité des orbites.

L’approche d’Orbit Fab est aussi fondée sur une vision industrielle de l’espace. L’entreprise imagine un futur proche où des dizaines, voire des centaines de satellites-ravitailleurs orbiteraient autour de la Terre, prêtes à intervenir sur demande, comme le font aujourd’hui les camions-citernes pour l’aviation. Ce modèle logistique, s’il se concrétise, transformerait profondément l’économie spatiale, en instaurant des chaînes d’approvisionnement continues et flexibles au-dessus de nos têtes.

Cette station-service spatiale test a été conçue pour être compatible avec plusieurs types de carburants, notamment l’hydrazine et le xénon, utilisés par les satellites pour leurs manœuvres orbitales et leurs moteurs ioniques. Orbit Fab travaille d’ores et déjà avec des constructeurs de satellites pour intégrer dès la conception cette capacité de ravitaillement, ce qui implique un changement de paradigme dans l’ingénierie spatiale. Il ne s’agit plus de construire des satellites "jetables", mais des engins durables, adaptables, et réutilisables.

L’initiative d’Orbit Fab n’est pas isolée, mais elle est pionnière. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large vers le développement de services en orbite, aux côtés d’autres projets comme la réparation de satellites, l’inspection robotisée, ou encore l’assemblage de structures spatiales. Ensemble, ces innovations constituent les bases d’un véritable écosystème orbital, où les ressources ne sont plus simplement envoyées depuis la Terre, mais circulent et se redistribuent dans l’espace.

La NASA, le Pentagone et plusieurs entreprises privées observent de près ces avancées. Le Département de la Défense américain a même conclu un contrat avec Orbit Fab pour tester le ravitaillement de satellites militaires, signe que les enjeux stratégiques sont également en jeu. Dans un espace de plus en plus congestionné et concurrentiel, pouvoir maintenir ses satellites en service devient un avantage technologique et géopolitique majeur.

D’un point de vue technique, le succès de cette station-service spatiale repose sur plusieurs prouesses : la navigation autonome en orbite, la précision du docking (rendez-vous orbital), la résistance des composants dans le vide spatial, et la sécurité des transferts de fluide. Chacune de ces étapes a nécessité des années de recherche et de tests, rendus possibles grâce à une forte collaboration entre startups, agences spatiales et investisseurs privés.

Au-delà de l’orbite terrestre basse, Orbit Fab envisage déjà d’étendre ses services à des orbites plus éloignées, comme l’orbite géostationnaire ou même lunaire. La prochaine étape sera le développement de stations de plus grande capacité, capables de stocker plusieurs types de carburants et d’enchaîner les ravitaillements. À plus long terme, l’entreprise ambitionne d’être le "Shell de l’espace", selon les mots mêmes de son fondateur, Daniel Faber.

Analyse de l’équipe NVNews :

Le lancement réussi de cette station-service orbitale marque un moment clé dans l’industrialisation de l’espace. Orbit Fab apporte une solution concrète à un problème bien connu mais jusque-là sans réponse : le manque de carburant des satellites. En misant sur la maintenance et la logistique orbitale, l’entreprise ouvre une nouvelle ère dans la durabilité des opérations spatiales. Ce modèle de ravitaillement en orbite est à la fois économiquement viable, écologiquement pertinent et technologiquement crédible. Il pourrait redéfinir les règles du jeu pour les décennies à venir, notamment si d’autres acteurs emboîtent le pas à Orbit Fab.

L'équipe NVNews

NVnews 7 mai 2025
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