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Rocket Lab a récupéré un premier étage de sa fusée Electron dans l'océan pour le reconditionner et réduire les coûts de lancement.

10 mai 2025 par
NVnews
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Dans un secteur spatial longtemps dominé par les géants comme SpaceX ou Blue Origin, la startup néo-zélandaise Rocket Lab continue de tracer sa propre voie avec discrétion, mais efficacité. Dernière avancée en date : la récupération réussie du premier étage de sa fusée Electron après un amerrissage contrôlé dans l’océan. Cette opération, récemment menée au large de la Nouvelle-Zélande, marque un tournant stratégique pour l’entreprise et l’ensemble de l’industrie des petits lanceurs. Elle ouvre la voie à une réutilisation partielle des composants, permettant une réduction significative des coûts de lancement.

Jusqu’ici, Rocket Lab avait construit sa réputation sur des missions rapides, flexibles, et relativement économiques, en se concentrant sur le segment des satellites légers et des constellations en orbite basse. Contrairement à SpaceX, qui visait la réutilisation complète de ses lanceurs Falcon 9, Electron était initialement conçu comme un lanceur entièrement consommable. Mais face à la pression économique et aux attentes du marché, l’entreprise dirigée par Peter Beck a progressivement revu sa stratégie, investissant dans la récupération et le reconditionnement de ses étages principaux.

Cette opération marque l’aboutissement de plusieurs années de tests progressifs. Lors de ce vol précis, l’étage principal a suivi une trajectoire de rentrée atmosphérique contrôlée, protégé par un bouclier thermique renforcé. Après avoir ralenti grâce à des moteurs de rétropropulsion, puis à un parachute déployé à haute altitude, le booster a amerri dans l’océan dans un état suffisamment stable pour être récupéré. Une équipe de récupération maritime, équipée d’un navire spécialisé, l’a rapidement repéré et hissé à bord à l’aide d’une grue.

L’objectif est clair : analyser en détail l’état du matériel, identifier les éléments réutilisables et valider le processus de reconditionnement. Rocket Lab espère ainsi instaurer une cadence de lancement plus soutenue, tout en divisant ses coûts de production. Cela permettrait également de répondre plus rapidement à la demande croissante de lancements de petits satellites pour l’observation de la Terre, les télécommunications ou les services militaires.

Ce virage technologique s’inscrit dans une tendance de fond. L’industrie spatiale, longtemps marquée par le modèle du "lancer et jeter", s’oriente désormais vers des solutions durables et optimisées. La réutilisation, autrefois jugée trop complexe ou risquée, devient peu à peu une norme. Rocket Lab, en adaptant ce concept à son échelle, montre que la réutilisation n’est pas réservée aux grands lanceurs lourds, mais peut aussi bénéficier aux missions plus légères et fréquentes.

L’opération réussie de récupération confère également à Rocket Lab un atout écologique. Réutiliser une partie des composants permet de réduire l’empreinte carbone globale des lancements, notamment en limitant la fabrication intensive d’éléments structurels en fibre de carbone ou en alliages métalliques coûteux à produire. La démarche répond aussi à une pression réglementaire croissante visant à limiter la pollution orbitale et les risques liés aux débris spatiaux.

Le PDG Peter Beck, qui affirmait il y a quelques années que la récupération n’était pas un objectif pour Electron, reconnaît désormais l’importance stratégique de cette évolution. Dans une déclaration récente, il a souligné que la réutilisation n’était pas seulement un choix économique, mais aussi un levier pour "accélérer l’accès à l’espace tout en respectant les ressources de la planète". Un changement de cap assumé, et désormais concrétisé.

Rocket Lab ne compte pas s’arrêter là. Après cette récupération océanique, l’entreprise prévoit de tester bientôt une méthode plus audacieuse : la capture en plein vol du premier étage par hélicoptère, à l’aide d’un câble et d’un crochet. Cette méthode, déjà testée avec succès lors d’exercices de simulation, pourrait permettre de récupérer l’étage sans le soumettre à la corrosion de l’eau de mer, facilitant ainsi sa remise en service plus rapide. Une ambition technique qui témoigne de l’ingéniosité de l’équipe et de sa volonté de repousser les standards de l’industrie.

Ce succès a également des implications commerciales immédiates. En offrant une solution de lancement plus compétitive, Rocket Lab renforce sa position sur un marché très convoité, où de nouveaux acteurs émergent chaque année, souvent soutenus par des fonds publics ou de grands investisseurs privés. Pouvoir proposer un prix attractif avec des cycles de lancement raccourcis pourrait faire la différence pour convaincre les clients institutionnels et commerciaux.

D’un point de vue technique, la récupération de l’étage n’est que la première étape. Il faudra désormais valider la capacité de l’entreprise à réutiliser ces composants de façon fiable, sans compromettre la sécurité ou la performance des vols. Cela suppose une série de tests poussés sur les moteurs Rutherford, les réservoirs pressurisés et les systèmes de guidage. L’objectif ultime est de pouvoir relancer un étage déjà utilisé dans des délais proches de ceux réalisés par SpaceX, qui détient aujourd’hui le record en la matière.

Analyse de l’équipe NVNews :

La récupération réussie d’un premier étage de la fusée Electron constitue une avancée stratégique pour Rocket Lab et, plus largement, pour toute l’industrie du spatial léger. L’entreprise prouve qu’il est possible d’appliquer les principes de durabilité, d’économie circulaire et d’optimisation technique à l’échelle des petits lanceurs, sans sacrifier la performance. Si le processus de reconditionnement s’avère concluant, Rocket Lab pourrait non seulement réduire ses coûts, mais également offrir un service plus flexible et respectueux de l’environnement. Ce type d’innovation confirme que la prochaine révolution du spatial ne viendra pas nécessairement des plus gros engins, mais aussi des petites structures agiles et audacieuses.

L'équipe NVNews

NVnews 10 mai 2025
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